Une résolution pour un revenu minimum garanti adoptée par les jeunes libéraux

Revenu de base Québec souhaite féliciter les jeunes libéraux du Québec qui ont adopté la résolution « L’implantation d’un revenu minimum garanti (RMG) » lors du Congrès des jeunes Libéraux du Québec à Québec le 13 août 2016. Cette action permettra d’entamer une discussion au sein du Parti Libéral du Québec et pourrait mener à une politique officielle du Gouvernement du Québec lors d’un prochain mandat. Les jeunes libéraux du Québec ont ainsi posé la première pierre d’un programme politique ambitieux au sein d’un des grands partis politiques du Québec. Une grande réforme des programmes sociaux est un sujet d’actualité qui mérite d’être débattu au sein de tous les partis politiques du Québec. Une forme de revenu minimum garanti figure déjà parmi les programmes d’Option Nationale, du Parti Vert du Québec et de Québec Solidaire. Revenu de base Québec, un organisme sans but lucratif, souhaite souligner qu’une telle réforme doit être conçue démocratiquement et devrait permettre à une personne de vivre en dignité. Le revenu de base et le revenu minimum garanti doivent être étudiés et analysés dans un contexte Québécois, notamment à travers un projet pilote à grande échelle comme les projets annoncés en Ontario, en Finlande et dans d’autres pays. Du 19 au 25 septembre 2016, Revenu de base Québec organisera une série d’actions dans le cadre de la semaine internationale du revenu de base. Le Parti Libéral du Québec organise également une grande conférence sur le revenu de base lors du Forum Idées pour le Québec, le 24 septembre 2016. Revenu de base Québec soutient les initiatives telles que celles des jeunes libéraux du Québec qui permettent d’avoir un débat éclairé sur le sujet et continuera à travailler avec le Gouvernement du Québec et les autres organisations pour mettre en place un revenu de base au Québec dans les années à venir.

Le Premier Ministre du Québec demande au Ministre Blais de poursuivre ses recherches sur le revenu de base

Toute l’équipe de Revenu de base Québec est ravie de constater que le premier ministre du Québec, M. Philipe Couillard, a publiquement demandé au ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, M. François Blais de se diriger vers un revenu minimum garanti pour le Québec!
“Le ministre François Blais se penchera sur l’amélioration de nos outils de soutien du revenu dans la direction de l’instauration d’un revenu minimum garanti, domaine dans lequel il possède une grande expertise.” Lien.

Le revenu universel, un droit moral… avec des bananes

Ce billet est rédigé par Fabien Hammerer.

Un contre argument commun au revenu de base est celui que, pour fonctionner, la société a besoin du travail de chacun et que la garantie d’un versement universel provoquerait son effondrement. Celle-ci serait donc par essence illégitime.

Une des illustrations avancées par les opposants au revenu de base est celle de naufragés sur une île devant exploiter une ressource pour survivre, disons des bananes. Le bien être dans cette société naissante est déterminé par la quantité de bananes récoltées, fruit du travail de ses membres. Travail direct par la cueillette ou indirect par la fabrication de huttes ou préparation des repas. Il serait indécent pour un des naufragés de réclamer des bananes pour sa survie sans lui-même fournir de travail. Lui donner satisfaction conduirait, de fait, à réduire la quantité de bananes allouées aux autres naufragés, conduisant à l’affaiblissement général de la société.

Ce principe simple a longtemps gouverné nos sociétés et les gouverne encore. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » nous dit la Bible. Sauf que notre île n’est plus déserte depuis bien longtemps.

Revenons à nos naufragés. Quelques années ont passé et les voici bien installés. Ils ont aménagé des plantations de bananes, facilitant les récoltes et augmentant les quantités produites. Il y a maintenant plus de bananes disponibles que la population de l’île ne peut consommer. Les premiers naufragés, dont les plus belles années de cueillette ont passé, peuvent profiter de cet excédent pour se reposer et profiter de leur labeur. De même, on décide d’allouer quelques bananes à ceux incapables de travailler. Ce coût en bananes est assuré par le travail de la population en bonne forme.

Passons encore quelques années. Les habitants de l’île ont maintenant des machines, permettant des récoltes d’une efficacité maximale et ne nécessitant que peu de manutention. Des montagnes de bananes s’accumulent tandis que toujours moins de travailleurs sont nécessaires pour les produire. La société de l’île fait alors face à un problème inédit : sa survie n’est plus directement liée au travail de ses membres. Il y a bien assez de bananes pour nourrir tout le monde, hommes, femmes, enfants de tous âges et de toutes capacités.

Le problème est maintenant de savoir comment se les répartir le plus justement. Les bananes produites appartiennent-elles uniquement à ceux qui travaillent, dans les plantations ou ailleurs ? Comment nourrir alors ceux dont le travail n’est plus requis ?

C’est ces questions auxquelles nous faisons face aujourd’hui. Le revenu universel se présente comme une option valable pour la répartition des bananes. Il n’est pas un droit naturel, au même titre que la liberté, mais dans une société d’abondance pour laquelle la force de travail n’est plus un facteur de développement, il devient un droit moral pour garantir à tous sa part minimale de bananes.

Qu’est-ce que je ferais, moi?

C’est l’une des meilleures questions que l’on puisse se poser, quand on réfléchit au revenu de base: qu’est-ce que je ferais, moi, personnellement, si j’avais un revenu de base. Se permettre de l’imaginer pour soi aide à mieux comprendre l’idée. Cet exercice, les personnes qui assistaient à l’atelier sur le Revenu social universel garanti (voir article précédent) l’on fait. Pour la plupart, elles étaient soit des travailleuses du milieu communautaire, soit des assistées sociales. Pour les fins de l’exercice, on imaginait un revenu de base de 1 300 $ par mois. Cela a donné lieu à une discussion très animée.

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Voici quelques exemples anonymes. Les personnes qui ont un travail continuerait de travailler :
– Je continuerais à travailler : je suis dans le milieu communautaire, je continuerais à faire du bénévolat. Je prendrais peut-être un petit peu plus de temps pour moi, par contre, et je suis certaine que mon travail serait plus efficace, parce que je serais plus reposée. – Je travaillerais pareil, je ferais du bénévolat comme je fais. Ça me donnerait plus de liberté dans ma tête pour les fins de mois et tout ça. – Moi, ce que je ferais, je continuerais de travailler dans ce que je fais mais je le ferais certainement plus à temps partiel. Ils pourraient engager une autre salariée; elle serait vraiment contente. – Moi, je suis assez privilégiée : je travaille quatre jours / semaine pour avoir du temps avec mes enfants. Alors avoir un revenu de base, je couperais une journée de plus et je ferais du bénévolat. – Moi, je couperais une journée de travail pour aller étudier. – Moi, je suis à la retraite et j’ai tout ce qu’il me faut. Je prendrais ça et je l’investirais dans un fonds de solidarité où on fait la promotion de l’économie solidaire.
Les assistés sociaux verraient leur situation fortement améliorée :
– Moi, je vis dans un 1 et ½ avec mon garçon, alors j’aurais probablement un appartement plus grand. De la nourriture… Enfin, j’ai 800$ par mois, puis faut que je paye les centres jeunesse pour pouvoir avoir l’allocation de soutien aux enfants provinciale et il m’en redonne une partie. Je pourrais nourrir mon fils, j’aurais de la bouffe tous les mois. Moi, je peux même pas me payer des billets de transport, même pas 10 par mois. Ma vie serait beaucoup mieux, il y aurait bien moins de stress. Puis moi, j’ai un problème de santé mentale, alors je me retrouverais moins souvent à l’hôpital parce que je ne les vois plus les solutions à un moment donné. Ça fait qu’un revenu de base de 1 300 $ à la place de 800 $ ferait une grosse différence. – La première des choses que je peux vous assurer, je m’alimenterais un peu mieux et j’irais jamais à la banque alimentaire. La deuxième chose que je ferais, je ferais plus de bénévolat, je m’impliquerais plus parce qu’en ce moment je ne peux pas me déplacer autant que je le voudrais. Ensuite, j’aurais un appartement un peu plus propre, avec des meubles un peu plus présentables et je ne serais pas gênée d’inviter du monde chez moi. Puis, je me paierais un petit plus de loisir. – Moi, personnellement, je pense que oui, je me nourrirais premièrement. Puis, j’aurais été capable de garder ma job; parce que j’aurais pu négocier moins d’heures; et j’aurais pas fait de burnout pendant cinq ans à essayer de garder ma job; parce qu’on peut pas sacrer nos jobs là; parce qu’on est privé au chômage. Si on tombe sur la CSST, chômage-maladie, au bout de quinze semaines on te “pitche” à l’aide sociale.
L’une d’entre elles se voit participer à la vie municipale:
« Si moi on me donnait une place à l’Hôtel de ville pour faire partie des comités de la ville, j’irais tout de suite. Mais pensez-vous qu’avec la discrimination et les préjugés, un pauvre comme moi y a sa place? »

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Le site Basic Income Now a aussi publié quelques réponses à cette question.
Et vous, que feriez-vous?