Qu’est-ce que je ferais, moi?

C’est l’une des meilleures questions que l’on puisse se poser, quand on réfléchit au revenu de base: qu’est-ce que je ferais, moi, personnellement, si j’avais un revenu de base. Se permettre de l’imaginer pour soi aide à mieux comprendre l’idée. Cet exercice, les personnes qui assistaient à l’atelier sur le Revenu social universel garanti (voir article précédent) l’on fait. Pour la plupart, elles étaient soit des travailleuses du milieu communautaire, soit des assistées sociales. Pour les fins de l’exercice, on imaginait un revenu de base de 1 300 $ par mois. Cela a donné lieu à une discussion très animée.

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Voici quelques exemples anonymes. Les personnes qui ont un travail continuerait de travailler :
– Je continuerais à travailler : je suis dans le milieu communautaire, je continuerais à faire du bénévolat. Je prendrais peut-être un petit peu plus de temps pour moi, par contre, et je suis certaine que mon travail serait plus efficace, parce que je serais plus reposée. – Je travaillerais pareil, je ferais du bénévolat comme je fais. Ça me donnerait plus de liberté dans ma tête pour les fins de mois et tout ça. – Moi, ce que je ferais, je continuerais de travailler dans ce que je fais mais je le ferais certainement plus à temps partiel. Ils pourraient engager une autre salariée; elle serait vraiment contente. – Moi, je suis assez privilégiée : je travaille quatre jours / semaine pour avoir du temps avec mes enfants. Alors avoir un revenu de base, je couperais une journée de plus et je ferais du bénévolat. – Moi, je couperais une journée de travail pour aller étudier. – Moi, je suis à la retraite et j’ai tout ce qu’il me faut. Je prendrais ça et je l’investirais dans un fonds de solidarité où on fait la promotion de l’économie solidaire.
Les assistés sociaux verraient leur situation fortement améliorée :
– Moi, je vis dans un 1 et ½ avec mon garçon, alors j’aurais probablement un appartement plus grand. De la nourriture… Enfin, j’ai 800$ par mois, puis faut que je paye les centres jeunesse pour pouvoir avoir l’allocation de soutien aux enfants provinciale et il m’en redonne une partie. Je pourrais nourrir mon fils, j’aurais de la bouffe tous les mois. Moi, je peux même pas me payer des billets de transport, même pas 10 par mois. Ma vie serait beaucoup mieux, il y aurait bien moins de stress. Puis moi, j’ai un problème de santé mentale, alors je me retrouverais moins souvent à l’hôpital parce que je ne les vois plus les solutions à un moment donné. Ça fait qu’un revenu de base de 1 300 $ à la place de 800 $ ferait une grosse différence. – La première des choses que je peux vous assurer, je m’alimenterais un peu mieux et j’irais jamais à la banque alimentaire. La deuxième chose que je ferais, je ferais plus de bénévolat, je m’impliquerais plus parce qu’en ce moment je ne peux pas me déplacer autant que je le voudrais. Ensuite, j’aurais un appartement un peu plus propre, avec des meubles un peu plus présentables et je ne serais pas gênée d’inviter du monde chez moi. Puis, je me paierais un petit plus de loisir. – Moi, personnellement, je pense que oui, je me nourrirais premièrement. Puis, j’aurais été capable de garder ma job; parce que j’aurais pu négocier moins d’heures; et j’aurais pas fait de burnout pendant cinq ans à essayer de garder ma job; parce qu’on peut pas sacrer nos jobs là; parce qu’on est privé au chômage. Si on tombe sur la CSST, chômage-maladie, au bout de quinze semaines on te “pitche” à l’aide sociale.
L’une d’entre elles se voit participer à la vie municipale:
« Si moi on me donnait une place à l’Hôtel de ville pour faire partie des comités de la ville, j’irais tout de suite. Mais pensez-vous qu’avec la discrimination et les préjugés, un pauvre comme moi y a sa place? »

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Le site Basic Income Now a aussi publié quelques réponses à cette question.
Et vous, que feriez-vous?