Depuis le 23 août dernier, les élections provinciales 2018 sont en cours au Québec. Revenu de Base Québec s’est penché sur les plateformes électorales des principaux partis pour en apprendre davantage sur leur position concernant le revenu de base (aussi connue sous le nom d’allocation universelle, de revenu minimum garanti, de revenu de citoyenneté, etc.). Voici un bref tour d’horizon des plateformes ou des programmes électoraux des principaux partis en lice pour les élections 2018.
Avec les récentes apparitions médiatiques des projets pilotes de revenu de base en Ontario et en Finlande, ainsi que l’adoption du projet de loi 173 le 15 mai dernier, introduisant l’expression « revenu de base » pour une première fois dans un texte de loi au Québec, l’idée d’offrir l’assurance d’un revenu à chacun(e) était bien placée pour être un sujet important de la campagne électorale en cours. Pourtant, cette idée semble absente des débats et des médias qui les couvrent. Quelle position les partis ont-ils adoptée par rapport à l’idée d’un revenu de base au Québec?
Le revenu de base est dans leur plateforme
Parmi les partis qui ont dans leur plateforme électorale l’idée d’un revenu de base, nous trouvons le Nouveau Parti Démocratique du Québec (NDP-Qc), le Parti Vert du Québec (PVQ) et Québec Solidaire (QS). Ces partis présentent toutefois des formes différentes de revenu de base.
NDP-Qc : www.lenpdq.org
D’abord, le NPD-Qc nous parle d’un revenu universel garanti ou d’un revenu de citoyenneté, bien qu’on ne semble pas faire de distinction entre ceux-ci. Cette idée est présentée sous la rubrique
Politiques sociales et lutte à la pauvreté de leur plateforme. Elle se pose comme un devoir de « repenser et [de] simplifier [les] politiques de solidarité sociale et de soutien au revenu » (§ 5, p. 25). Ainsi, on dit qu’on veut lutter contre la pauvreté, la stigmatisation et le piège à la pauvreté, mais aussi contre la précarité qui touche particulièrement les jeunes et les femmes. Ce parti prévoit une stratégie d’implantation sur 10 ans avec une évaluation périodique des résultats en ce qui concerne la réduction de la pauvreté.
PVQ : www.pvq.qc.ca
Ensuite, le PVQ nous présente l’idée d’un revenu minimum garanti (RMG) dans sa plateforme, au chapitre sur l’Économie :
Justice économique. Sortir l’ensemble du Québec de la pauvreté. On y fait la proposition d’un RMG de 1200$ par mois pour l’ensemble des résidents, avec « une exemption de travail de $600 par mois afin de permettre aux personnes de travailler à temps partiel sans compromettre leur accès au programme » (p. 92). Il est aussi précisé qu’« à terme » le programme d’aide sociale serait remplacé et que les personnes ayant une maladie ou un handicap physique ou mental recevraient un montant supérieur à celui prévu.
QS : www.quebecsolidaire.net
Enfin, QS nous propose aussi l’idée d’un RMG dans sa plateforme, sous leur proposition phare #5 –
Pour éliminer la pauvreté et répartir la richesse. Il nous propose de lancer un projet pilote dans plusieurs villes ayant un taux important de ménages sous le seuil de faible revenu. Ce RMG inconditionnel est censé remplacer, aussi « à terme », le programme d’aide sociale en « couvrant les besoins de base » (§ 5.2, a)). On annonce aussi qu’on augmenterait les prestations d’aide sociale durant l’expérimentation environ à 1000$ par mois et à 1500$ pour les personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi (
La Presse Canadienne, 12 septembre 2018).
Le revenu de base n’est pas dans leur plateforme
Parmi les principaux partis qui n’ont pas le revenu de base dans leur plateforme, on peut trouver : le Parti Libéral du Québec (PLQ), le Parti Québécois (PQ) et la Coalition Avenir Québec (CAQ). Qu’en est-il néanmoins de leur position face au projet de loi 173 – Loi visant à instaurer un revenu de base pour les personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi?
PLQ : www.plq.org
Le plus étonnant dans cette liste, c’est que le PLQ ne l’ait pas (encore?) adopté dans son programme, alors qu’il a tenu un Forum des idées sur ce thème l’an dernier, qu’il est l’instigateur du projet de loi 173. Ce projet de loi introduit pour la première fois l’expression « revenu de base » dans un texte de loi québécois qui vise strictement les personnes considérées « inaptes » à l’emploi depuis au moins 66 des 72 derniers mois. Adopté le 15 mai 2018, il propose de faire passer les prestations d’aide sociale de 12 500$ à environ 18 000$ après cinq ans, soit en 2023 (PLANTE, 2018). On dit aussi que les prestations seront individualisées et que le contrôle des ressources sera assoupli (MTESS, 2018).
PQ : www.pq.org
Il s’en est suivi des critiques, entre autres venant du PQ, par rapport au délai de 66 mois avant d’accéder au programme de revenu de base, créant ainsi une « troisième catégorie de pauvres » (PLANTE, 2018). Il n’en demeure pas moins qu’on ne parle d’aucunes formes de revenu de base dans leur plateforme. Dans leur programme, on propose toutefois de diminuer l’impact sur l’aide sociale des actifs, de la situation maritale et des pensions alimentaires versées aux enfants (Chp. 5, §9, 5e) et f)).
CAQ : www.coalitionavenirquebec.org
Quant à la CAQ, son attaché de presse affirmait que le Parti se positionnerait dans son programme électoral (BÉLAIR-CIRINO, 2018). À ce jour (12 septembre 2018), la plateforme de la CAQ n’indique rien en ce qui a trait au revenu de base, quel qu’il soit – celui du PLQ ou, plus généralement, celui qui vise à garantir à tout le monde un revenu. La CAQ parle seulement d’offrir un « meilleur soutien pour les personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi par le biais des organismes communautaires concernés » (cf. CAQ, « Solidarité »,
Nos Idées). Autrement, ce Parti propose aussi que les pensions alimentaires pour enfants n’affectent plus les montants accordés à l’aide sociale (cf. CAQ,
Actualités, 8 mai 2018).
Invitation
Voilà le bref tour d’horizon de Revenu de Base Québec en ce qui a trait à la présence du thème du revenu de base (minimum, garanti, universel ou de citoyenneté) chez les principaux partis concurrents pour les élections provinciales 2018.
Nous savons qu’il reste encore plusieurs jours avant le 1er octobre et que la plupart des partis qui occupent l’espace médiatique n’ont pas adopté de position claire sur l’enjeu du revenu de base. Nous invitons donc les partis à se positionner clairement sur l’idée d’adopter un montant versé sans condition à chaque personne, incluant celles jugées aptes ou pas à travailler.
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Références
Bélair-Cirino, Marco, 2018, « La solidarité sociale et le test électorale »,
LeDevoir.com, 26 janvier 2018. [URL :
https://www.ledevoir.com/politique/quebec/518504/surtitre-la-solidarite-sociale-en-annee-electorale]
La Presse Canadienne, « Québec solidaire évoque le revenu minimum garanti »,
LeDevoir.com, 12 septembre 2018. [URL :
http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2018/201809/12/01-5196294-quebec-solidaire-evoque-le-revenu-minimum-garanti.php?]
Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité Sociale (MTESS), 2018, « Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale 2017-2023 – Adoption à l’unanimité du projet de loi no 173 : Québec confirme son leadership en matière de politiques sociales »,
Communiqué de presse, 15 mai 2018. [URL :
http://www.fil-information.gouv.qc.ca/Pages/Article.aspx?idArticle=2512105309]
PLANTE, Caroline, 2018, « Dépôt d’un projet de loi pour instaurer un revenu minimum garanti »,
LaPresse.ca, 14 mars 2018. [URL :
http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201803/14/01-5157314-depot-dun-projet-de-loi-pour-instaurer-un-revenu-minimum-garanti.php]