Sommaire de l’événement revenu de base organisé par Asian Women for Equality McGill

Le 17 octobre dernier, Asian Women for Equality de McGill organisait leur deuxième discussion publique sur le revenu de base et le développement durable à Montréal. L’événement a consisté en une table ronde sur le rôle du revenu de base dans la construction d’un avenir durable. Celle-ci était composée de Rob Rainer du Réseau canadien pour le revenu garantie, et de Cathy Orlando, fondatrice du Lobby Climatique des Citoyens de Canada. Des représentants communautaires de Justice Climatique Montréal, du Symposium de recherche sur le développement durable de McGill et d’Action Réfugiés Montréal étaient également présents pour poser des questions et guider la discussion pour les dizaines de citoyens qui se sont présentés pour en apprendre plus à propos du revenu de base et du développement durable. Sarah Mah, organisatrice principale de l’événement et porte-parole d’Asian Women for Equality, a débuté la soirée en soulignant la pertinence du sujet abordé. Moins de deux semaines après la publication du rapport par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Mah a mentionné l’urgence de trouver des solutions viables pour lutter contre le changement climatique, sous peine de catastrophe écologique. Comme elle l’a expliqué, les pays les plus pauvres sont les plus affectés par les problèmes climatiques et n’ont pas les ressources nécessaires pour y faire face. De même, le lien entre pauvreté, identité et climat est devenu évident: les femmes pauvres sont plus touchées par le changement climatique que tout autre groupe. En effet, il y a en moyenne 75% de plus de femmes que d’hommes qui meurent dans des circonstances liées à des catastrophes environnementales. Heureusement, tout espoir n’est pas perdu – un point que Rob Rainer, a souligné dans sa présentation. Celui-ci a expliqué que si nous voulons un vrai changement, nous avons besoin de plus que de simples engagements transitoires; mais plutôt un changement de paradigme, c’est-à-dire un changement qui affecterait considérablement nos relations sociales, économiques et écologiques avec le monde qui nous entoure. Pour Rainer, ce changement consiste dans un revenu de base pour tous. Même si le revenu garanti représente un changement radical, il est plus possible aujourd’hui que jamais auparavant. Le Canada ayant déjà un revenu garanti pour les enfants et les adultes plus âgés – pourquoi ne pas en créer un pour le reste de la population? Tel que Rainer l’a souligné, “ne croyez jamais que nous ne pouvons pas nous permettre d’obtenir un revenu de base […] dans un grand pays riche comme celui-ci”. Avec un revenu de base, les gens auraient davantage de ressources et de temps pour faire des choix plus écologiques et s’impliquer dans leur communauté. Le revenu de base donnerait aux citoyens les moyens de s’engager dans l’agriculture urbaine, de participer aux économies alimentaires locales, de surveiller la faune, de nettoyer les rives du plastique et de participer à une politique environnementale plus large. Toutes ces choses sont nécessaires si nous voulons améliorer l’état de notre planète. Cependant, comme le mentionnait Rainer, il est très difficile de faire ces choses sans les moyens adéquats. Un revenu garanti nous fournirait ces moyens et donnerait aux gens l’occasion de s’engager avec leur communauté et leur environnement. La deuxième panéliste, Cathy Orlando, a repris à son compte plusieurs arguments de Rainer, mais a surtout démontré que l’effet du revenu garanti sur l’environnement représente beaucoup plus que la promotion d’action individuelle. Le revenu garanti pourrait en effet être (en partie) financé par une politique de redevance de carbone et de dividende. De cette façon, le revenu garanti renforcerait non seulement l’action environnementale après que les gens aient reçu leur argent, comme l’expliquait Rainer, mais pourrait également être financé de manière à inciter les gens à réduire leur contenu de CO2 dès le départ. Or, qu’est-ce qu’une politique de taxe sur le carbone et de dividende? Comme l’a expliqué Orlando, une politique de taxe du carbone et de dividende «impose une redevance de plus en plus importante sur la pollution par le carbone et redonne tout l’argent aux gens sous forme de chèque, quel que soit leur revenu, indépendamment de leur contenu CO2». De plus, Orlando a souligné les principaux avantages de cette politique, outre la réduction évidente des émissions. Tout d’abord, le revenu de base aiderait les familles en mettant de l’argent directement dans leur poche. De plus, il serait non partisan et représenterait un net avantage pour tout le monde, indépendamment de leurs opinions politiques. Il soutiendrait également les solutions de marché novatrices, en incitant les entreprises à fabriquer des produits qui réduisent les émissions des consommateurs, leur permettant ainsi de faire des économies en plus d’être plus compétitifs et rentables à long terme. Enfin, le revenu de base aurait la capacité d’augmenter de manière prévisible et progressive, ce qui le rendrait plus sain pour une économie en croissance et un marché fluctuant. Par son travail en tant que responsable de la sensibilisation internationale et canadienne pour le Lobby Climatique des Citoyens de Canada, Orlando a travaillé avec des centaines de citoyens pour qu’une version de ce projet de loi au Parlement impose 150 USD / tonne de carbone d’ici 2030. Bien qu’elle semblait très optimiste que le projet de loi serait adopté, elle a souligné que nous avons beaucoup de travail à faire: “Ces choses prennent du temps, mais nous n’avons pas le temps en cette crise climatique […] Nous devons nous assurer de ne pas perdre ce projet”. Après les présentations des panélistes, les répondants de la communauté et les membres du public ont eu l’occasion de poser des questions. En réponse à la question de Vincent Duhamel de Justice Climatique Montréal sur les calculs et les critères exacts pour un revenu de base, Orlando a souligné que ces changements politiques peuvent prendre beaucoup de temps à se concrétiser. Le mieux que nous puissions faire en tant que citoyens, a-t-elle dit, consiste à contacter nos représentants et à faire entendre nos demandes. De nombreuses autres questions ont suivi, approfondissant les détails d’un revenu garanti et de ses effets sur différents groupes de personnes. En réponse à notre question sur la manière dont un revenu de base aiderait à réduire la consommation excessive, Rainer et Orlando se sont entendus pour dire que le revenu de base serait «comme un sentiment de calme» puisqu’il assurerait la sécurité des personnes et constituerait une base sur laquelle les personnes pourraient se développer et prendre de meilleures décisions financières et environnementales. Paul Clark, d’Action Réfugiés Montréal, a posé une question importante: comment le revenu de base affecterait-il les demandeurs d’asile au Canada? À nouveau, Orlando a souligné que le parlement pourrait prendre du temps pour définir les détails exacts ainsi que les bénéficiaires de la politique, mais les deux experts ont convenu que le revenu de base devrait représenter un droit humain et ne devrait pas être limité. Comme l’a mentionné Rainer, «Que vous soyez un réfugié, un immigrant ou un Canadien, si vous êtes au Canada, il devrait y avoir un système mis en place pour vous aider avec les choses dont vous avez besoin». De nombreuses discussions ont suivi, mais un membre de l’audience a posé une question particulièrement pertinente vers la fin de l’événement: que faisons-nous si c’est la première fois que nous entendons parler de cela et désirons participer à ce projet? La réponse à cette question est à la fois simple, mais nuancée. Comme Rainer, Orlando et Mah l’ont fait remarquer, les points d’entrée dans la lutte pour un monde plus juste et plus libre sont multiples. Certains s’impliquent en politique, d’autres luttent pour des initiatives plus vertes au travail et à l’école, tandis que d’autres assistent à des événements comme celui-ci pour aider la communauté à mieux comprendre ces sujets et former leur opinions. Toutefois, ce qui unit tous ces efforts, est le désir et la conviction de réparer ce qui est brisé. Comme l’a dit Rainer, «nous avons la capacité de fournir à tout le monde. Avons-nous la volonté? “ Si vous lisez ceci et avez l’impression que nous avons cette volonté ici au Québec, nous espérons que vous nous contacterez pour nous aider à créer un revenu de base afin de faire notre part pour aider notre population, nos familles et notre planète.