La richesse et la liberté

Avez-vous, comme moi, le sentiment que tout n’est pas bien dans la société; que les promesses de développement, de justice sociale et d’opportunité économiques n’ont pas été réalisées? En 2015, nous avons encore tellement de pauvreté, de pollution… De nids de poule! Nos politiciens nous proposent des réformes mineures et majeures, des investissements et de l’austérité… Avec des changements chaque année nous avons l’impression de tourner en rond; et même si nous donnons le bénéfice du doute à nos leaders, leurs réformes se confrontent à une société en pleine mutation : automatisation de l’industrie, concurrence internationale, population vieillissante, etc. Je crois qu’il faut avoir le courage de faire de grands changements, il faut avoir le courage d’oser la liberté. La liberté, on en parle peu. Mais si vous pensez que nous habitons dans une société libre, je vous propose d’essayer de vivre sans argent. Essayez-le et dites-moi si vous êtes libres. Nous savons que la liberté mène à la richesse. Le changement de l’aristocratie à la démocratie, le droit de vote pour les femmes ou notre propre révolution tranquille. Chaque fois qu’on libère une partie de la société, la société s’enrichit. Il est maintenant temps de faire le prochain grand pas. Depuis plus de cent ans, des penseurs proposent un revenu de base pour chaque citoyen, aussi appelé allocation universelle ou dividende citoyen. Cette idée est remarquablement simple, mais terriblement puissante. Ce n’est pas compliqué. Un montant est transféré à chaque membre de la société – universellement et inconditionnellement. Tout le monde reçoit ce versement, qu’on soit riche ou démuni. Ça ne remplace pas le travail, mais ça le complète. Un revenu de base est un investissement dans la société, car si nous voulons libérer l’énergie de nos créateurs et de nos créatrices, de nos entrepreneurs et de nos entrepreneuses, de chacun et chacune d’entre nous, alors il faut nous donner les moyens de nous relever et de nous maintenir debout. Il faut remplacer notre filet de sécurité par une fondation solide et profonde permettant à chacun de bâtir son futur sans jamais craindre l’insécurité. Ce versement permet à vous et à moi d’entreprendre un projet, d’aider nos familles ou d’investir dans notre éducation. Une société avec un revenu de base pour chacun sera finalement une société libre avec une égalité des chances pour tout le monde. Comme l’investisseur Warren Buffet a dit en parlant de l’héritage qu’il lèguera à ses enfants : il faut donner à tous suffisamment pour faire ce qu’ils veulent, mais pas assez pour ne rien faire. Un revenu de base nous permettra de partager la richesse collective de notre société et de libérer le potentiel de millions de Québécois et de Québécoises.

Essai sur les injustices (Derriennic, 2015)

EssaiDerriennicBien qu’il ne consacre que quelques pages au revenu de base (qu’il appelle « allocation universelle »), le livre de Jean-Pierre Derriennic, Essai sur les injustices, est d’un grand intérêt pour qui s’intéresse au revenu de base. Il le place en effet dans le cadre d’une large réflexion sur les injustices du point de vue de la philosophie politique, en démontrant qu’il est une bonne solution aux inégalités économiques. J.-P. Derriennic propose une réflexion qui incite à l’action, tout en se donnant des arguments solides.
Une injustice est un malheur évitable. Les malheurs sont des injustices quand ils sont causés, volontairement ou non , par des institutions ou par des actions humaines. (p. 4)
À partir de cette définition toute simple et lumineuse des injustices et après avoir situé son Essai dans l’ensemble des écrits majeurs sur le sujet, l’auteur analyse plusieurs des injustices qu’on retrouve dans les sphères de l’économie, de la justice, de la politique et des relations internationales et il propose chaque fois des solutions pratiques, des idées, dit-il avec une pointe d’humour « qui pourraient être utiles pour orienter un bricolage politique. » (p. 5)

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Essai sur les injustices de Jean-Pierre Derriennic a été publié par les Presses de l’Université Laval, au début 2015. (On peut se le procurer en ligne.)