Bullshit jobs et revenu de base

Les «bullshit jobs», selon David Graeber, sont des emplois rémunérés et pourtant inutiles, superflus et même néfastes pour certains, dont les travailleurs mêmes (et parfois leurs supérieurs aussi) savent qu’ils sont inutiles ou néfastes.

Dans la traduction française de son livre sur le sujet, on les appelle les «emplois à la con».

On trouve une bonne description critique de la théorie de Graeber sur Wikipedia. On peut être d’accord ou non avec son opinion assez extrême; après tout c’est un anarchiste libertaire avoué et actif. Mais c’est aussi un anthropologue de renom et un professeur à la très sérieuse London School of Economics et sa théorie s’appuie sur une grande quantité d’entrevues qu’il a menées lui-même et sur des statistiques officielles.

Il ne prend pas de position politique, ni ne fait des de proposition de solution sur les emplois inutiles. Cependant, il constate que le «revenu universel de base» donnerait le pouvoir de les quitter et la liberté de s’occuper à un travail qui a du sens personnellement et socialement.

Son livre se termine par une question que toute personne militant pour un «revenu universel de base» se pose:

«À quoi ressemblerait une société authentiquement libre?»

Ces vidéos vous donneront le moyen de connaître rapidement ses idées; et l’envie de lire son livre…

Typologie des emplois inutiles (en anglais)
Survol de Bullshit Jobs, la théorie
Les emplois inutiles rendent malade

Avantage méconnu

En ce temps d’urgence sanitaire, nos gouvernements font de leur mieux, avec les outils à leur disposition, pour amenuiser ses effets désastreux sur nos vies, sur nos finances personnelles et sur les finances des employeurs.

Il est très malheureux que nos gouvernements n’aient pas déjà le revenu de base universel dans leur coffre à outils.
Une pétition le leur rappelle

En effet, dans l’urgence, ils se servent tant bien que mal de la panoplie des programmes ciblés en place, auxquels ils ajoutent des programmes spécifiques pour pallier aux besoins que les programmes réguliers ne comblent pas. Mais les anciens sont régis par des foules de règles et vérifications qu’il faut prendre le temps d’aménager. Et l’on doit définir pour les nouveaux les règles et les vérifications qui les régiront.

Ces aménagements et ces créations de programmes ne se font pas rapidement! En plus, il faut s’y inscrire, que l’on vérifie la validité de l’inscription… Et attendre le versement! (Sans compter les rapports sur leur utilisation qu’il faudra sans doute fournir ensuite…)

Cela signifie que des programmes bien intentionnés pourraient ne pas arriver à temps, sans compter qu’ils pourraient être retardés par l’isolement que la situation exige.

Si le revenu de base universel était déjà implanté, ce serait tellement plus facile, plus juste, plus efficace, plus rapide!
D’accord? Signez la pétition.

Urgence et revenu de base

La pandémie que nous subissons actuellement donne à réfléchir, c’est le moins que l’on puisse dire; entre autres sujet de réflexion, il y a le rôle que pourrait y jouer un revenu universel, temporaire ou non, afin de diminuer les difficultés que toute urgence nous fait connaître.

L’Institut Brookings a publié récemment un article de Ugo Gentilini qui soutient que dans la lutte contre COVID-19, il pourrait bien y avoir un rôle pour un revenu de base universel unique, mais qu’une délibération minutieuse est nécessaire pour établir si c’est la meilleure réponse politique.

Il fait cinq propositions d’utilisation d’un tel revenu pour lutter contre une pandémie. Selon lui, les expériences précédentes d’interventions permettent de tirer cinq leçons. Elles concernent:
– les risques d’inflation,
– les tensions sur les systèmes de distribution,
– la communication,
– la synchronisation avec d’autres filets de sécurité
– et l’utilisation de crises temporaires pour apporter des changements permanents.

Pour en savoir plus, lire l’article.

Rapport sur l’Ontario

L’expérimentation de revenu de base en Ontario a été arrêtée en plein élan par le gouvernement Ford, après seulement un an sur les trois prévus, on le sait. Ce qu’on sait moins, c’est que le projet était accompagné d’une évaluation sérieuse de ses résultats, qui a été abandonnée aussi, bien sûr. Voici une étude qui a voulu y pallier.

Extrait:
«En plus d’interrompre prématurément les paiements aux bénéficiaires en mars 2019, le gouvernement a également annoncé qu’il mettrait fin aux activités d’évaluation à partir de juillet 2018. En conséquence, les précieuses connaissances et expériences des bénéficiaires du revenu de base risquent d’être abandonnées et perdues. Le présent rapport vise à combler partiellement cette lacune en donnant un aperçu des effets du revenu de base sur la vie des bénéficiaires dans les comtés de Hamilton, Brantford et Brant.»

todd.smithco@pc.ola.org

Interrogé sur ce rapport, Todd Smith, le ministre de l’enfance, des services communautaires et sociaux, a répondu au nom de Ford par l’argument habituel pour esquiver le sujet, le retour au travail d’abord et avant tout:
“Un projet de recherche qui n’a porté que sur 4 000 personnes n’est pas une solution adéquate pour résoudre le problème dans une province où nous avons beaucoup trop de personnes vivant de l’aide sociale … Ce que nous faisons, c’est en fait prendre des mesures pour que les gens puissent retourner au travail”. Voir: Huffington Post.
Or, justement, l’un des effets bénéfiques prouvés de l’expérimentation est que les trois quarts de ceux qui travaillaient ont continué à le faire et un quart des travailleurs à bas salaire ont accédé à des emplois mieux rémunérés. De toute évidence, le ministre a rejeté une étude qu’il n’a pas lue.

Plusieurs autres effets bénéfiques ont été notés.

Pour en savoir plus: écouter cette entrevue à CBC avec l’un des auteurs de l’étude, le professeur Wayne Lewchuk de l’université McMaster.

Guy Caron et le revenu de base

Peu de politiciens s’affichent publiquement pour le revenu de base, surtout dans le contexte à grande visibilité d’une campagne à la chefferie de son parti. Guy Caron, le député du Nouveau Parti démocratique pour la circonscription de Rimouski-Neigette-Temiscouata-Les Basques et candidat à la chefferie, est l’un de ces rares hommes politiques. Vous aimeriez en savoir plus? Si vous êtes à Montréal, le 19 septembre, venez le rencontrer. Il nous présentera sa vision du revenu de base, comment il y est arrivé, pourquoi il en a fait l’un des éléments clés de son programme de candidat à la chefferie de son parti. Organisée par Revenu de base Québec, avec la collaboration du Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec, cette rencontre-dialogue se tient dans le cadre de la 10e Semaine internationale du revenu de base. Horaire: 17h00, accueil 17h30, allocution de Guy Caron 18h00, échanges avec le député 19h00, échanges informelles 20h00, fin de la rencontre (Note sur l’adresse: par métro, sortie Laurier du Métro Laurier.) Réservation.