Histoires

Les histoires suivantes sont fictives, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite; les situations, elles, ressemblent à celles de milliers de gens.

Joyful happy family

Mado et sa famille

En fait, elle se nomme Madeleine, mais tout le monde l’appelle Mado. 57 ans, récemment veuve. La longue maladie de son mari l’avait obligée à diminuer de moitié son temps de travail et l’avait amenée au bord de la faillite. Heureusement, elle a pu reprendre un temps plein. Ça va mieux.

Son petit dernier, né sur le tard, Samuel, 20 ans, est encore aux études et vit avec elle. S’il ne travaillait pas une quinzaine d’heures, et plus, par semaine, depuis l’âge de 15 ans, elle n’aurait pas pu lui offrir les téléphone, scooter, ordinateur et les quelques vêtements griffés qu’il s’est payés. Il lui a quand même fallu un an de plus pour terminer le Cégep : il n’arrivait pas toujours à prendre tous les cours requis. L’aider à défrayer le coût des quatre années d’université, dans une autre ville, qu’il s’apprête à commencer, est pas mal plus problématique. Hélène et Jacques, ses deux autres enfants, 35 et 33 ans, ont leur petite famille. Ils se débrouillent…

C’est à dire : Jacques beaucoup mieux qu’Hélène. Même si Jacques et sa conjointe n’ont pas d’emploi permanent, ils arrivent à faire des revenus suffisants, lui comme consultant, elle comme traductrice, pour mener une vie relativement confortable avec leurs deux enfants. Avant d’en arriver là, il leur a fallu passer à travers trois années de vaches maigres, cependant, autour de la naissance des deux enfants, sans congé parental payé. Ce qui est difficile, maintenant, c’est de jongler avec tout cela. Garderie pour la petite, primaire pour le grand, un peu de sport et de musique pour les quatre, et la recherche constante de contrats, un travail en soi pour les travailleurs à la pige.

“Pauvre Hélène!” dit souvent Mado, “son tchum l’a laissée avec trois enfants, le…” (Mado lui donne des noms qu’on ne peut citer ici). Elle l’a connu début trentaine; ils étaient en amour; elle commençait à trouver qu’il était temps d’avoir des enfants, que c’était maintenant ou jamais; il semblait d’accord. Quatre années mouvementées et trois enfants plus tard, elle est dans une misère trop commune: rares petits emplois, échange de gardiennage avec d’autres “mono-parentales” faute de pouvoir se payer la garderie, vêtements donnés par des amies ou achetés usagés, loyer trop cher, épicerie minimale, aide sociale tatillonne et tout.

Mais ce sont ses parents qui inquiètent encore plus Mado. Sa mère a 82 ans et son père, 87. Il devient sénile; elle est en bonne santé, mais elle s’épuise à prendre soin de son mari. Mado voit bien que sa mère ne tiendra pas longtemps, mais celle-ci refuse de se séparer de son homme, après plus de soixante ans de mariage. Ses frères et soeurs vivant dans d’autres villes, tôt ou tard, Mado devra prendre le relais; si ce n’est auprès de son père, ce sera auprès de sa mère. Comment y arrivera-t-elle? Cette pensée l’angoisse.

Mado, sa famille

et un revenu de base pour chacun

Imaginons un peu à quoi cela pourrait ressembler…

Hélène n’en serait pas moins seule avec ses enfants, mais c’est elle qui bénéficierait le plus du revenu de base. Son revenu de base personnel et ceux de ses enfants ne feraient pas un total nécessairement plus élevé que celui de l’aide qu’elle reçoit maintenant. Cependant, ces revenus seraient donnés sans condition, sans rencontre avec des agents du gouvernement, sans rapport, sans intrusion dans sa vie privée. Surtout, tout autre revenu serait cumulable sans pénalité: elle pourrait vraiment penser améliorer son sort en travaillant de plus en plus, progressivement, tout en élevant ses enfants. L’avenir serait ouvert, pour elle et ses enfants.

Jacques et sa conjointe auraient passé plus facilement la période difficile autour de la naissance de leurs enfants. Ils travailleraient peut-être un peu moins pour se donner une vie moins folle. Mais ce n’est pas certain : jeunes et ambitieux, ils aiment assez mener une vie trépidante. Ce qui est sûr, c’est qu’elle serait moins incertaine, donc moins stressante.

Samuel aurait fort probablement une année d’avance dans ses études, son revenu de base d’enfant lui ayant permis de ne pas travailler, ou de travailler moins, essentiellement pour se payer quelques gâteries d’ado ou pour aider sa mère, pendant la maladie de son père. Depuis l’âge de 18 ans, il aurait le revenu de base d’un adulte; à l’université, dans une autre ville, avec l’appartement, la nourriture et les frais de scolarité à payer, ses finances seraient quand même très serrées.

Mado, pour sa part, n’aurait pas couru le risque de la faillite pendant la maladie de son mari. Elle aurait même pu arrêter complètement de travailler pour se consacrer à ses soins. Aussi, elle verrait avec moins d’appréhension la perspective de devoir faire la même chose pour ses parents, et, dans un avenir plus éloigné mais certain, que ses enfants doivent le faire pour elle.

pierre-tremblay

Pierre Tremblay inc.

Jeune industriel à succès, Pierre Tremblay fait envie avec sa grande maison à trois garages, son chalet aussi imposant, sur le bord d’un lac de prestige, une belle allemande rutilante pour aller de l’une ou l’autre à son usine. Faut dire que l’épouse médecin spécialiste ne gâte rien, côté finance. Et leurs deux enfants peuvent rêver de poursuivre des études n’importe où sur la planète; une planète qu’ils connaissent déjà assez bien grâce à de nombreux voyages, avec leurs parents ou seuls.

Pierre a quand même la quarantaine déjà grisonnante: il a dû travailler beaucoup pour en arriver là, passer à travers une faillite et quelques autres périodes très difficiles. Même si, enfin, son entreprise est en croissance constante ces dernières années, il n’a pas eu un moment de vrai tranquillité: la concurrence est féroce et mondiale. Il lui faut conquérir constamment de nouveaux marchés dans un environnement qui ne cesse de se complexifier, et continuer d’offrir des produits de la plus grande qualité, qui se distinguent par des innovations qui les font se démarquer.

Encore, s’il n’y avait que ça! Créer des produits, explorer des marchés, c’est ce qu’il sait faire de mieux, c’est ce qui lui a fait créer son entreprise. Il l’a démarrée avec quelques employés, directement avec eux sur le plancher de l’usine. Maintenant que quelques centaines se sont ajoutées, la partie est tout autre. Le recrutement et le maintien du personnel sont devenus des facteurs de risque aussi sensibles que la compétition et l’innovation.

Facile, la vie de riche industriel? En apparence seulement. Mais exaltante, quand même. Pierre Tremblay ne donnerait pas sa place.

Pierre Tremblay inc. 20 ans après

À l’âge ou un salarié a pris sa retraite, Pierre Tremblay est encore aussi actif et il vient de passer à travers la période la plus mouvementée de sa vie d’industriel: l’instauration du revenu de base universel.

Quand cette « chose » a commencé à faire partie du débat public, il s’y est opposé furieusement, avec la majorité de ses collègues en affaires: c’était pour lui une absurdité délirante! Mais à mesure que l’approbation générale pour cette mesure sociale montait, au Québec, au Canada et mondialement, il a bien fallu qu’il la prenne au sérieux.

Surtout, en parallèle, le travail de fond qu’il avait fait avec ses employés, pour instaurer la gestion participative dans ses usines et le versement d’une partie des profits, lui avait fait voir à quel point le climat y était devenu meilleur et, cela ne gâtant rien, la qualité des produits aussi. Des discussions sur le revenu de base avec certains de ses employés, houleuses au début, avaient fini par lui faire comprendre et prendre au sérieux le projet.

De contre, il est devenu pour, envers et contre une partie de ses collègues entrepreneurs. Quand, enfin, la mesure a été adoptée, il avait quand même un peu la frousse…

Miracle! Aucun cataclysme ne s’est produit; aucune désaffection massive de son personnel, sa principale crainte. Quelques uns ont quitté, oui, la plupart temporairement, pour s’occuper d’un proche malade ou se consacrer à un projet personnel. Il n’y a eu aucune demande folle d’augmentation de salaire, plutôt une plus grande facilité à combler les postes sans qualification précise et une plus grande fidélité du personnel spécialisé. La motivation des employés a augmenté et la productivité aussi. Effet inattendu, les congés de maladie ont diminué de beaucoup, à cause de la baisse du stress face aux incertitudes de la vie, et du travail.

Prochain défi: la succession!

genevieve-maxime

L’histoire de Geneviève et Maxime

Petite famille qui veut consacrer plus de temps et d’argent pour leurs enfants.

Geneviève et Maxime se sont marriés en 2003. Ils ont eu leur premier enfant, Tom, en 2005 et leur second,  Ariane, en 2008. Tom est un petit garçon en parfaite santé, malheureusement sa soeur est née avec une déficience auditive qui a retardé son apprentissage de la parole et de la lecture. Grâce à l’aide reçue par l’hôpital local et par ses professeurs, elle progresse chaque jour un peu plus.

Maxime était travailleur syndiqué dans l’industrie automobile. Il a été licencié en  2008 suite à la crise économique et travaille désormais à temps partiel comme opérateur mécanique mais il a perdu une forte partie de son salaire mensuel. Il voudrait se former pour obtenir un poste commercial mais ne trouve pas les ressources nécessaire pour financer cette formation. Geneviève complete le revenu du foyer en travaillant a temps partiel dans des commerces locaux, mais ses horaires de travail changent constamment, ce qui l’empêche d’être présente auprès de ses enfants et son revenu reste faible. Ils craignent de ne pas etre en mesure de donner les meilleures chances a leurs enfants : programmes d’aide scolaire et autres opportunités dont bénéficient les autres eleves de leur classe.

Si Genevieve, Maxime, Tom et Ariane bénéficiaient d’un revenu de base, leur situation s’améliorerait considerablement. Ariane pourrait faire de la danse apres l’ecole pour faciliter son intégration et beneficierait de soutien scolaire pour progresser en lecture. Tom se financerait un équipement de hockey pour rejoindre l’equipe de son ecole.

Grace à la securite d’un revenu garanti chaque mois, Maxime pourrait reprendre une formation pour changer de branche professionnelle. Genevieve serait capable de consacrer plus de temps à ses enfants sans avoir à travailler le soir alors qu’ils sont a la maison. Ce petit revenu additionnel améliorerait leur vie de famille ainsi que les perspectives d’avenir à la fois des parents et des enfants.

jeanne

L’histoire de Jeanne

Mère monoparentalle

Jeanne a 40 ans, elle élève seule Emilie, 12 ans. Le pere d’Emilie les a quittées alors que cette derniere avait 4 ans.

Jeanne souhaite s’assurer que sa fille ne se trouve pas dans la meme situation qu’elle au même age. Elle travaille comme serveuse dans un restaurant local mais a du mal à payer les factures en fin de mois tout en fournissant a Emilie une alimentation de qualite. Jeanne ne souhaite pas etre considéree comme une assistée. Elle n’a donc pas fait appel aux aides gouvernementales auxquelles elle pourrait prétendre. Elle voudrait gagner plus, mais ni la formation necessaire ni les opportunités pour augmenter ses revenus.

Un revenu de base auquel s’ajouterait son salaire de serveuse permettrait a Jeanne de mieux s’occuper de sa fille : lui consacrer du temps quand il sera necessaire, lui procurer une alimentation equilibrée, lui permettre d’étudier et de s’inscrire a un sport collectif. Jeanne a juste besoin de plus de liberté quant a ses choix, sans avoir de compte a rendre au gouvernement.

Avec un revenu de base la situation de Jeanne n’aurai pas d’impact sur la scolarite d’Emilie. Elle conserverait les mêmes chances de réussite professionnelle que les enfants nés dans un cadre familial propice à la reussite scolaire.

gabriel

L’histoire de Gabriel

Entrepreneur

Gabriel a toujours rêvé d’être son propre patron. Il travaille actuellement pour une grande entreprise et gagne très bien sa vie mais il souhaite lancer sa propre affaire. A l’université, Gabriel avait eu l’idée de construire un système plus efficace de deversement du béton . Cette technique pourrait permettre de réduire le temps de coulage du béton de 25% dans le cadre du coulage des fondations de grands chantiers. Malheureusement, devant faire face au remboursement de son prêt étudiant, Gabriel n’a pas été capable de lancer son entreprise et a choisi un emploi dans une enterprise de génie civil.

En 2012, suite à l’augmentation des loyers, il a choisi d’acheter un petit condominium. Alors qu’il souhaite monter son entreprise, les remboursements mensuels auxquels il doit faire face l’empêche de quitter son emploi stable et de se lancer. En effet, en cas d’échec, il perdrait son condominium et devrait revenir chez son ancien employeur la mort dans l’âme.

Un revenu de base donnerait à Gabriel la sécurité financière dont il a besoin pour créer son entreprise. En effet, le montant mensuel perçu serait suffisant pour payer ses crédit et à manger à sa faim. Cela rendrait un prêt bancaire possible pour lancer son affaire et contacter son employeur actuel pour qu’il supporte le projet. En un an de travail intensif, Gabriel pense pouvoir démontrer le potentiel de sa technologie et commencer à générer des revenus.

Un revenu de base représente la rampe de lancement dont il a besoin pour devenir son propre patron.

arnold_choi

L’histoire d’Arnold Choi

Immigrant Arnold et arrivé au Canada avec un permis de travail en 2013. Il est désormais un résident permanent et la procédure est en cours pour qu’il obtienne la citoyenneté canadienne.

Ingénieur Chinois d’origine, il est venu à Montréal pour gagner de l’argent et l’envoyer à sa famille, restée à Pékin. Arnold est tombé en amour avec le Canada. Il a très bien réussi à s’intégrer à la communauté, va à l’église chaque dimanche et fait du volontariat dans une banque alimentaire.

Il travaille comme ingénieur dans une entreprise de BTP et a réussi à mettre assez d’argent de côté pour faire venir sa femme Susanne ainsi que leurs enfans.

Malheureusement, son père est tombé gravement malade à Pékin en 2014. Arnold a du rentrer s’occuper de son père pour l’accompagner dans ses derniers jours. Les frais médicaux et funéraires sur place ont été très important et Arnold n’a plus les moyens de faire venir vivre sa famille au Canada.

Un revenu de base permettrait à Arnold de faire venir sa famille et de subvenir à leurs premiers besoins dans leur nouvelle vie au Canada. Arnold a pu voir ici à quel point la population canadienne est le fruit de l’immigration. Etant lui même devenu un membre de la communauté, il serait juste qu’il puisse y faire venir sa famille. Le revenu de base lui donnerait assez de sécurité pour faire venir sa famille et faire de nouveaux enfants au Canada.